Acides ou basiques
Poèmes du temps qu'il fait
Le trésor
Comme s’il patientait sur le sable
Au milieu du bric-à-brac
En plein soleil
Pour éventrer le mystère il suffisait d’attendre
De tenir le guet avec ferveur
Cracher le pétrole dont ils remplissent nos bouches
La cachette est à l’air libre au bord d’une baïne de cristal
Cascade incongrue aux yeux de tous et pour personne
A cette heure-là la plage est toujours vide et c’est le temps de la transgression pour ceux qui font parler les signes
Regarde par ma peau tu les verras bouger
Invisibles et vivants comme les silures de verre
Multipliés par le silence
Leurs cœurs très chauds palpitent au bout des doigts
Ce sont eux qui coulent la nacre dans les fissures
Ne les écrase pas
Une lave en giclerait qui te brûlerait les yeux
Laisse-les rouler dans tes mains Comme des billes
Elles fondront à marée haute avec la plage
L’eau effacera l’encre safran qui ruisselle de tes paumes
Rien de cela n’aura eu d’existence
Couvre-feu
Couvre
Couvre
Couvre le feu
Sous les gris des cœurs froids tout est sale
Masques mouillés écrasés à terre
Il est neuf heures
Personne ne bouge ni ne touche
Tout le monde veut tuer
Des mains enfin égorgent
Un couteau et c’est
Comme un frémissement d’horreur qui circule là où tout était mort
La nostalgie me mord le cœur comme une hyène enragée
Instille la liqueur des années à la fin d’un autre siècle
Musique et bière à flots
Sur une jonque pirate une fanfare tsigane
Contamine de son klezmer une foule bigarrée
Les téléphones à clapets dorment sagement au fond des sacs
Les yeux sourient les bouches et les mains se rapprochent
On rit s’embrasse en espérant un nouveau millénaire
Juif arabe blanche noir s’attirent
Comme les faces opposées des aimants
Monde de demain tu es tellement laid
Que nos enfants étouffent à leur naissance
Séparés dans nos bulles identitaires nous avalons nos doses
Dioxyde ozone pesticides parabènes pollution numérique
Nous vomissons à grand jets acides sur l’armée ennemie
Mansplaining Misandrie
Sionistes Islamo Gauchistes
Racistes Wokisme Appropriation culturelle
Cultuelle
Haïssons sans trop y toucher
Enfermons-nous
Dans nos geôles cadenassées
Et choisissons bien nos mots
Couvre
Encore
Couvre le feu qui couve sous la terre
Elle n’a pas peur elle sait
Qu’elle n’a qu’à soulever le couvercle
Juste un peu
Pour nous engloutir dans la vapeur
Et retrouver sa Loi
Mère
L’enfant parait il te fait mère
Lancée comme une fusée dans un chaos
Happée aspirée par le tourbillon au milieu des météorites
Des couleurs rouges et noires
En bas des champs de ruines
Dans les bras tout au bout l’enfant
Qui hurle
Sa sauvagerie
Le cri du loup
Primal strident
Le regard médusé de l’enfant qui appelle
Ne comprend pas
Qui tu es pour lui faire ça
Pour avoir oublié
Le savoir ancestral
Animal
Comptes à rendre éducation politesse conventions sociales
Sois cool tu vas l’angoisser
Bienveillance cadre apaisant rituels du coucher
Ne crie pas
Ne t’inquiète pas il le sent
Dors
Ne dors pas il t'appelle
C’est normal
Ca ne l'est pas
Mais qu’est-ce que tu fous
Dépêche-toi
Il a faim il a mal il a froid qu’est-ce qu’il a
Ils sont tous là devant
Car enfin la mère
C’est qui
Qui d'autre que toi
A l’intérieur tu traverses
Le grand chaos rouge et noir
Tu heurtes à mille à l’heure les météores rincée par les poussières
Projetées dans tes yeux qui pleurent
Tous là devant
Mari et père
Famille Amis Collègues Sage Femme Infirmière Médecin
Déception
Stupéfaction
Face à toi et l’enfant qui pleurez
Chacun son monde
Toi dans l'espace chaos météorites et poussières
Effluves d’angoisse dans ton corps épuisé
Bouffées de chaleur
Jambes tremblantes
La césarienne te cisaille
Ca tire
Stupéfaction
Est ce toi Marguerite
Réponds moi réponds vite
Non ce n'est plus toi
Cet oubli de ta bienséance de ton à propos
De ton détachement
Tu vacilles
Quelle aubaine
Enfin
Tu n’y parviens plus
Et chacun y va de son conseil
Il y a de la jouissance dans ce spectacle
Tu es à terre et l’enfant crie
Malgré le liniment les couches biodégradables le bodie étoilé
La brassière la chandelière
La gigoteuse
Le cosy le transat la poussette
Les peluches musicales et les hochets en caoutchouc
Il n'en a rien à foutre
Il hurle à la mort
Il te veut avec lui
dans les limbes
dans la boue
dans le cyclone
dans le maëlstrom
dans l’humus de la terre
dans le liquide amniotique et le ressac de la marée
Une mer
Une mère
Et la faille béante dans laquelle tu pourrais t’engouffrer par la longue cicatrice qui découpe ton corps en deux
Entre chien et loup au bord du sommeil
C’est un trou de verdure où chante une rivière oiseau. Mon ventre parle et mes oreilles bourdonnent. Ce qu’on ne doit pas dire le huit de l’infini.
Une pince à droite comme une main qui pince à droite dans la côte et derrière le sein.
L’avion me ramène sur la plage.
Je suis trop alerte, trop vigilante, ne pas dormir . Des voix parlent dans une radio. Inspire, expire, comment régler la fréquence du son dans les oreilles. Mon cahier est à l’envers, c’est nul dit la voix.
Je pars avec la pelle, une porte blanche et blindée, fermée au fond du couloir, en face. Le parquet de bois épais, l’espace qu’il y a entre deux crochets.
Du blanc, une voix d’homme. Douce, jeune. Alambic ambivalent. On va y aller.
C’est toi Léon ? Entre chien et loup. Retour plexus. Lettre Hé. Quel est son nom juif ? et yiddish ? Leibish ?
Coralie Rebecca Rivka
Voix de femme.Devoir assumé.
Les points de couleurs dans les yeux fermés de l’enfant sage.
Mon pouce tremble.
Tu danses ? Un Œil sculpté dans le plâtre. Clavicule. Goût et odeur d’amande. Pieds gelés.
Trait obscur On progresse.
La danseuse.
Il y a quoi ? Il y a rupture.
La jeune femme blonde aux longs cheveux très raides, pull col roulé bleu pétrole en synthétique penchée vers la table de la bibliothèque. Echange de livres.
La lettre V. Mets de la pression quelque part !
Montagne, champ et ciel. Tais-toi Bernard qui refuse le lac. Bouffée d’oxygène.
Le livre des chamanes.
Une vieille femme aux très longs cheveux gris et en robe de laine chevauche une montagne en carton, l’occasion de crier un corps vrai.
Un épouvantail en bois et laine de toutes les couleurs.
Je discute avec des bûches de bois moussues aux visages humains.
Il me faut rassurer un petit homme sud-américain qui me démontre quelque chose avec d’amples gestes.
Je l’aime parce que je crois, brochettes de litchis à moitié débogués.
Une femme élégante avec un beau porte-monnaie ouvert en écaille et soie orange.
On n’écrirait jamais : « hum c’est nous ! » dit un couple en maillot de bain.
Eh Putain
Gaza ce matin
De grandes lattes verticales de pin blanc.
Une caravane blanche et un manteau blanc. Une inscription, en noir.
L’étoile ça se scande, presque ou alors ça se voit. Au nord ?
Je rentre ce matin à 6h32. Dernier métro.
On a pris un plat un café et des smoothies mais pas de dessert dans un resto israélien rue Secrétan.
Bonne petite sérieuse c’est chiant après on est pris par les informations.
L’accent du sud -ouest est à la mode. En mode. C’est la charge mentale.
Safa dans le journalisme a été hospitalisé.
Je suis autiste.
8h 45.
Dans des circonstances tu te sens du vent mais tu as peut-être un truc.
Ghetto de Venise. Une rivière coule du ciel dans la salle de bain